Les cultes sur l’âme

L’idée générale relative à l’âme est qu’elle serait une énergie mystérieuse et indéfinissable. Une part de spiritualité qui anime le corps et agit à travers lui, comme si celui-ci en était l’instrument ou l’habitation. Elle glisserait dans notre corps à notre naissance et s’en échapperait à notre mort. Dans de nombreuses cultures, la croyance en l’âme est très respectée.

Scène issue du papyrus d’Hounefer montrant la pesée du cœur lors du jugement de l’âme.

Dans l’Egypte ancienne, la croyance en l’âme immortelle était un trait prépondérant à cette culture. Leurs convictions imprégnaient toute leur civilisation et l’on retrouve ainsi à travers les rites funéraires, les traces de leurs croyances. Pour que l’âme puisse éventuellement revenir dans le corps pour s’en servir, les Égyptiens embaumaient et momifiaient leurs morts. Selon leur principe, l’être humain, ne pouvait pas être perçu comme un être unitaire, mais comme un ensemble de plusieurs parties spirituelles et charnelles. La mort libère du corps les éléments spirituels et il est nécessaire d’entretenir la partie charnelle pour que le tout puisse continuer à vivre.

L’oiseau faucon à tête humaine représente le « ba », l’âme extérieure.

Afin de permettre au défunt de voyager tranquillement sur son chemin vers l’au-delà, la famille déposait dans la tombe, des offrandes, de la nourriture, du mobilier, des objets, afin que celui-ci ne manque de rien dans cette autre vie où l’âme sans le corps continuerait à prospérer.

Chez les Indiens d’Amérique, la croyance en l’âme était également très importante, mais quelque peu différente selon les tribus. Selon leurs croyances, un homme posséderait deux âmes et lorsque le corps venait à mourir, l’une d’entre elle mourait avec lui, tandis que l’autre, s’élevait vers le monde des esprits. Les Delawares croyaient que la seconde âme devait franchir douze niveaux cosmiques avant d’en faire autant.

Pour ne pas que les animaux viennent troubler les morts, les Lakotas et autres tribus, plaçaient les corps en hauteur tournés vers le ciel. Les esprits  » Wanagi (choses de l’ombre) gardaient les échafaudages funéraires et s’en prenaient aux vivants si les morts venaient à être dérangés.

Durand de nombreuses années, les Indiens ayant peur de se faire voler leur âme, refusaient que les photographes tirent des clichés à leur encontre. Chez les Indiens Navajo, toute forme de vie a une âme. Lorsque l’un d’entre eux souhaitait abattre un arbre, il récitait une prière afin de lui faire comprendre qu’il s’agissait pour lui, d’une nécessité et non d’un acte de méchanceté.

La question de l’âme, est peut-être une question aussi vieille que l’homme lui-même, mais cette croyance fait apparaître la prise de conscience de l’homme envers une entité supérieure à lui.

Danse du soleil, prière réalisée en étant reliée à l’arbre de vie pour communiquer directement avec Wakan Tanka qui désigne ce qui est sacré ou divin, souvent traduit par « le Grand Esprit.

De la croyance en l’âme humaine à l’âme à travers les objets

Il existe une philosophie de tradition qui a donné des âmes aux objets. À la fin du XIXème siècle, un anthropologue britannique du nom d’ Edward Burnett Tylor (1832-1917) connu aujourd’hui comme étant le fondateur de l’anthropologie britannique, désigne par le terme «animisme» les religions des sociétés qu’il nomme «primitives». Il a écrit un ouvrage «Primitive Culture» dans lequel il décrit les prémisses de l’anthropologie sociale. Il y développe sa théorie sur l’animisme comme étant « le premier stade de la religion humaine ».

L’origine de l’animisme tire sa théorie sur l’expérience du rêve que fait chaque homme. Durand ce moment, celui-ci dissocie son corps physique de son corps psychique, le poussant à concevoir que l’être humain aurait une âme. Ce terme du latin animus, originairement esprit, puis âme résume la croyance en une âme, une force vitale, animant les êtres vivants, les éléments naturels, mais aussi les objets.

Fétiches Africains

De part sa croyance, l’être humain attribuerait cette même capacité à son environnement, dotant ainsi la nature et les objets d’une âme. L’anthropologue découvre également que dans ces sociétés, certaines de ces âmes ont une intelligence et qu’elles peuvent être incarnées à l’image de l’homme.

L’animiste croit en un monde d’équilibre. Pour conserver cette harmonie, il agit en vouant un culte dédié à ces puissances spirituelles. Il s’emploie parfois, à représenter dans des objets, l’esprit auquel il s’adresse. L’objet devient alors un fétiche*1 ou un totem*2 comme dans les cultes vaudous*3. Ces sociétés de croyances envisagent le monde visible comme étant soumis à un monde invisible et l’objet devient alors une passerelle pour communiquer entre ces deux mondes.

Masques africains représentant l’esprit des jeunes femmes.

LE PETIT MOT DE LA FIN

À mes yeux, je perçois l’âme à travers les objets telle une philosophie plus qu’une croyance et j’aime établir un lien spirituel entre les objets que je conçois et ce qu’ils représentent. La poésie des histoires qui se transmettent en eux, les construit comme des totems uniques. En créant ainsi, je formule le souhait d’une autre perception sur notre manière de consommer et de nous entourer des objets qui nous accompagnent dans notre quotidien.

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*1 Nom donné aux objets du culte auquel on attribue avec superstition la propriété de porter bonheur.

*2 Représentation, emblème d’un animal ou d’une plante étant considéré comme l’ancêtre d’un clan ou d’une tribu.

*3 Culte à l’esprit du monde de l’invisible.

Textes : Alicia Ribis

Tous droits réservés

Sources :

  • Ki-Zerbo Joseph, Histoire de l’Afrique Noire, D’hier à demain, Édition Hatier, 1978, p 731
  • Jeremy Narby, Le serpent cosmique l’ADN et les origines du savoir, Editeur Georg, 1995
  • Bibliothèque nationale de France, Illustrations de Voyages du Baron De la Hontan dans l’Amérique septentrionale, Gallica Bibliothèque numé- rique, 15/10/2007, disponible sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/ btv1b2300012s
  • Animisme, Imago mundi Encyclopédie gratuite en ligne, 24/03/2013, disponible sur http://cosmovisions.com
  • Le poids de l’âme, Médecine de l’âme – le blog : un médecin s’interroge, 16/04/2010, disponible sur http://medecinedelame-leblog.fr
  •  Shoshone Indian Sun Dance – NARA – 298649 » par Inconnu ou non renseigné — U.S. National Archives and Records Administration. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons

 

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