∞ Assise dans la rame d’un métro, je m’imprègne des gens.
∞ Je dépose mes yeux sur les détails qui les rendent si différents.
∞ Je capture furtivement des fragments d’eux.
∞ J’abreuve la tourbe de ma rêverie au vallon de leur image.
∞ Je déploie mon regard sur un peu de leurs beautés inconscientes.
∞ Je les consomme dans l’immédiat pour ne pas qu’elles s’abîment dans ma mémoire.
∞ Je trempe mon instant dans le pigment d’un violet qui s’éteint sous le creux orbital d’un visage endormi.
∞ J’épanouis mon attention au couvert forestier d’un sourcil unique, surplombant l’ensemble d’un regard.
∞ Je dilue mes pensées dans les taches naissantes d’une peau qui se plisse.
∞ Je voyage d’un bout à l’autre de mes questionnements.
∞ Je remue les complexes des autres pour mieux comprendre les miens.
∞ Je visite le beau dans tous ces traits qui s’écrivent à travers les plis, les creux et les reliefs.
∞ J’entrouvre lentement l’iris de cette perception sur moi-même.
∞ Je goûte à cette chair d’ imperfections qui m’est si chère.
∞ J’explore mon corps comme un continent unique pour qu’il ne se ponctue plus avec disgrâce à ma propre lecture.
∞ Je redécouvre mes imperfections comme des trésors qui m’éloignent du commun.
∞ Je m’eclipse dans le mousseux de mon illumination.
∞ Je choisis désormais de m’apprendre à être, parfaitement imparfaite.
Croquis, photos, textes : Alicia Ribis
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